lundi 17 août 2015

Chute de Mossoul : les forces irakiennes avaient reçu l’ordre de ne pas se battre


Des députés irakiens ont indiqué, hier, qu'une commission d'enquête parlementaire en Irak avait pointé du doigt la responsabilité de l'ancien Premier ministre Nouri al-Maliki et 35 autres personnes dans la prise de Mossoul par le groupe État islamique en juin 2014. La désertion de nombreux soldats qui n'ont pas combattu était en cause dans cette spectaculaire déroute de l'armée irakienne face à quelques centaines de combattants de l'EI qui ont pris le contrôle de la deuxième ville la plus importante du pays.
A Mossoul, les forces irakiennes avaient reçu l’ordre de ne pas se battre
Nouri Al-Maliki, l'ex-premier
Ministre corrompu

Gilles Munier, journaliste indépendant, spécialiste de la question irakienne, secrétaire général de l'Association des amitiés franco-irakiennes, revient pour L'Orient-Le Jour sur le rapport de la commission d'enquête parlementaire en Irak. Selon lui, les forces irakiennes avaient reçu l'ordre de ne pas se battre.
Comment analysez-vous cette mise en accusation de Nouri al-Maliki par la commission d'enquête parlementaire en Irak ?
En Irak, mener une enquête n'est jamais très sérieux. Maintenant, que Maliki soit responsable de la chute de Mossoul, c'est évident et cela se disait depuis fort longtemps. Le problème est que si les officiers de l'armée irakienne n'avaient pas reçu l'ordre de ne pas s'engager dans les combats, les 500 combattants de Daech n'auraient pas pu aller jusqu'à Tikrit et commettre le massacre du camp Speicher qui a fait 1 700 jeunes victimes chiites. Je suis allé en Iran début juin et j'ai souligné cet aspect du problème au cours de mes conférences sur les origines de l'État islamique, et cela n'avait pas l'air de surprendre. Par ailleurs, on remarque qu'il n'y a pas eu jusque-là de commission d'enquête sur ce qui s'est passé ensuite à Tikrit. Des lampistes de tribus sunnites ont été exécutés après des procès iniques, alors que les vrais responsables du massacre sont à Bagdad.
Quelles pourraient être les implications d'un rapport officiel de la commission d'enquête ?
En théorie, l'arrestation et le jugement de toutes les personnes accusées d'avoir une responsabilité dans cette affaire, à commencer par les officiers qui s'étaient enfuis au Kurdistan. Dans les faits, c'est plus compliqué puisque l'on ignore aujourd'hui où se trouve Nouri al-Maliki. Au départ, on pensait qu'il se trouvait en Iran, aujourd'hui certains pensent qu'il est en Syrie et d'autres qu'il pourrait être encore en Irak.
Qu'en est-il aujourd'hui de la responsabilité des Américains qui ont entraîné et formé les forces irakiennes mais qui ne sont pas mis en cause dans ces conclusions ?
Les Américains ont une lourde responsabilité dans cette histoire. Ils ont dépensé des sommes colossales pour former l'armée irakienne. Une part substantielle de cet argent est tombée dans les poches des dirigeants chiites et des sunnites qui travaillaient avec le gouvernement de Bagdad à l'époque. Seule une petite frange de l'armée a bénéficié d'un entraînement, la majeure partie n'y a jamais pris part. Depuis 2003, beaucoup d'argent occulte a été touché par des Américains en Irak, beaucoup d'argent a disparu dans leurs poches. Près de 500 combattants de Daech auraient infligé une défaite historique à une armée estimée à 60 mille soldats ? En réalité, ce sont 60 mille soldats inscrits sur des listes, mais il y en avait sans doute moins que la moitié.

Propos recueillis par Lina Kennouche (L’Orient-Le Jour – 17/8/15)*

Hajji Mutaz, le numéro deux de Daech abattu par un drone

Posted on août 22, 2015 

Hajji Mutaz
Si demain la ville de Mossoul est vraiment attaquée, pur sur, Abou Bakr al-Baghdadi, la calife sans califat sera pris. Le numéro deux de l’organisation terroriste Etat islamique a été tué mardi par une frappe aérienne américaine près de Mossoul en Irak, a annoncé la Maison Blanche vendredi.
Fadhil Ahmad al-Hayali, aussi connu sous le nom de Hajji Mutaz, a été tué alors qu’il se trouvait dans un véhicule avec un autre responsable de l’organisation jihadiste, a indiqué l’exécutif américain qui précise qu’il était l’un des principaux coordinateurs des transferts d’armes, d’explosifs, de véhicules et d’individus entre l’Irak et la Syrie.
Sa mort de «aura un impact réel sur les opérations de l’EI sachant que son influence s’étendait sur les finances, les médias, les opérations et la logistique de l’EI», a souligné Ned Price, porte-parole du Conseil de sécurité nationale.
La Maison Blanche, qui le présente comme «le principal adjoint» du chef de l’EI Abou Bakr al-Baghdadi, ajoute qu’il était en charge des opérations de l’EI en Irak «où il a joué un rôle clé dans l’organisation des opérations au cours des deux années écoulées», en particulier lors de l’offensive de l’EI sur Mossoul, en juin 2014.
L’EI s’était emparé de Mossoul, la deuxième ville d’Irak, au début de son offensive fulgurante lancée dans le nord de l’Irak en juin 2014 face à des forces gouvernementales en déroute.
Soutenues par des frappes aériennes de la coalition dirigée par les Etats-Unis, les forces gouvernementales ont repris du terrain ces derniers mois dans deux provinces au nord de Bagdad mais n’ont pas encore tenté de reprendre Mossoul.