samedi 4 juillet 2015

En Tunisie, les Algériens ont été, sont et seront toujours les bienvenus !


En consultant les réseaux sociaux, on s'aperçoit que les Tunisiens sont partagés entre deux tendances :
- une tendance ultra minoritaire qui se distingue par son animosité envers les Algériens : ce sont les islamistes et leurs clones du CPR et d'Ennahdaesh. Ils voient les Algériens comme les seuls à avoir pu terroriser les terroristes. Ils en la trouille que les Algériens délèguent quelques experts auprès de leurs collègues tunisiens afin de les aider à éradiquer la bête immonde du terrorisme djihado-sioniste.
- Une tendance nettement majoritaire, qui traverse toutes les couches de la société, du taxiste à l'hôtelier, des gens du peuple les plus démunis aux riches hommes d'affaires : les Algériens y sont perçus comme des recours toujours prêts en cas de coups durs, et comme des gens de respect et de confiance.
Les anti algériens n'osent pas s'exprimer en publicmais diffusent leur venin sur Internet. Ceux qui, parmi eux, sont infiltrés dans la Police et dans la Douane font des misères aux Algériens aux postes frontières. Ils usent de prétextes fallacieux pour les dégoûter de venir en Tunisie par leur mauvais accueil et par leurs exigences aussi extravagantes qu'illégales : déballage sur la chaussée de leurs bagages et de leurs vêtements, corruption, chantage au refoulement. 
* Algériens ! Ne vous laissez pas intimider !  
* Notez le numéro et le nom du douanier ou du policier malveillant ou incorrect.  
* Protestez à haute voix. Faites savoir à vos  voisins le comportement de ces individus. 
* Faites comme votre gouvernement : Ne cédez JAMAIS au chantage.
Bienvenue dans votre seconde patrie.                           
Hannibal GENSERIC

Interview de Hatem M’rad, politologue et président-fondateur de l’Association tunisienne d’études politiques. Membre du comité exécutif de l’International Political Science Association (IPSA-AISP).

- Le chef du gouvernement tunisien a annoncé des mesures urgentes pour lutter contre le terrorisme suite à l’attentat qui a eu lieu à Sousse. Que pensez-vous de ces mesures ?
Aussi fermes soient les mesures prises par le gouvernement contre le terrorisme, on ne peut préjuger pour l’instant ni de la manière de les mettre en œuvre, ni de leur effet dans le futur. Ce sont pour l’instant des mesures conjoncturelles devant répondre aux laxisme et défaillances constatés lors des deux attentats du Musée du Bardo et de l’hôtel Impérial Marhaba de Sousse.
Il serait souhaitable maintenant de mettre ces mesures (fermeture des 20 mosquées salafistes, retrait du visa donné illégalement aux partis salafistes, comme Hizb Ettahrir, retrait du visa des associations religieuses impliquées dans le terrorisme et recevant des sommes colossales des pays wahhabites du Golfe, contrôle accentué de leurs sites internet propagandistes) en accord avec une stratégie sécuritaire globale qui tarde encore à venir.
Il y a eu certes des progrès en matière sécuritaire depuis le gouvernement précédent de Mehdi Jomaâ, mais on a l’impression qu’on patauge encore et qu’on est au stade du bricolage sécuritaire. Par ailleurs, il nous manque en Tunisie une culture de sécurité qui n’existe vraiment ni chez les citoyens, ni dans les grandes surfaces, ni aux stades, ni dans les lieux publics, la vidéosurveillance, qui a fait le succès de la sécurité de la ville londonienne, est inexistante.
A quoi cela sert d’augmenter le nombre de policiers de 1000 agents dans les lieux touristiques, s’ils font tous preuve de laxisme ? La culture sécuritaire est défaillante même auprès des agents de sécurité, car  la Tunisie est traditionnellement un pays pacifique, qui n’a pas été sérieusement menacé depuis son indépendance, et parce que la Tunisie a pris l’habitude de se faire protéger par ses alliés occidentaux.
- Une des mesures interdit aux jeunes Tunisiens de moins de 35 ans de quitter le territoire national. Quel est votre avis ?
C’est une mesure conjoncturelle de précaution prise pour les besoins de l’enquête en cours contre les complices des terroristes. Elle ne sera pas maintenue, car ce serait une atteinte aux libertés individuelles. Les Américains, on s’en souvient, avaient pris des mesures draconiennes après le 11 Septembre, avec les écoutes téléphoniques et le contrôle strict de la communauté musulmane américaine.
- Les Algériens assurent qu’ils ne laisseront pas tomber les Tunisiens et ont programmé de passer leurs vacances en Tunisie. Que pensez-vous de cette démarche ?
Je ne doute pas de la réaction des Algériens, qui ont déjà réagi favorablement et organisé des manifestations de solidarité avec la Tunisie. Ils ont déjà vécu ce drame dans les «années noires» du terrorisme. Ils savent bien ce que doivent ressentir les Tunisiens. On est ravi que les Algériens programment leurs vacances en Tunisie. Ce n’est d’ailleurs pas une première, puisqu’ils viennent tous les ans sur la côte tunisienne, à Hammamet, Nabeul, Sousse et Djerba. Ils louent  d’ordinaire dans les mêmes maisons et hôtels. Ce faisant, les Algériens feront d’une pierre trois coups : ils passent leurs vacances, ils contribuent à sauver l’économie et la saison touristique, et enfin ils font acte de solidarité politique avec la Tunisie.
- Quel rôle peut jouer l’Algérie dans cette histoire ?
Il faut que tout le monde sache que l’Algérie et la Tunisie, de par leur situation géostratégique commune, ne peuvent qu’être alliées et solidaires face à ce fléau terroriste et wahhabite. Si l’un est emporté, l’autre le sera aussi. L’Algérie a une expérience en matière sécuritaire et militaire. Depuis la révolution du Jasmin, les Tunisiens ont senti l’Algérie proche.
L’Algérie coopère sérieusement avec la Tunisie dans les zones frontalières et dans la poursuite des terroristes cachés au Djebel Chaâmbi, près de l’Algérie. Les deux services coopèrent quotidiennement. Politiquement, Bouteflika est intervenu pour réconcilier les islamistes et les laïcs.
Il a favorisé le dialogue national entre eux. Il ne souhaitait pas lui-même que les islamistes soient au pouvoir, mais il souhaitait leur participation politique aux côtés du pouvoir, comme l’a fait l’Algérie avec Nahnah. C’est le prix à payer pour retrouver la stabilité. Mais les deux pays peuvent aussi légitimement avoir des interprétations différentes sur la conception de leur propre sécurité et sur la diversité de leurs alliés.
- A combien s’évaluent les pertes économiques suite à ce drame ?
Est-ce qu’on peut le dire à ce jour ? J’en doute. Cela dépendra des annulations de séjours des touristes dans les hôtels. Actuellement, on estime que 60% des touristes ont continué leurs séjours en Tunisie malgré l’attentat, et raisonnablement dans les semaines suivantes, il y aura environ 50% qui vont continuer à le faire. Mais l’économie tunisienne, qui a déjà du mal à repartir, en prendra un sale coup. Le tourisme fait vivre environ 450 000 personnes. Comment les hôteliers vont-ils les payer ?
Source : http://www.elwatan.com/