vendredi 2 août 2013

MASSINISSA, Le premier unificateur du Maghreb

Massinissa, est un roi berbère,  le premier roi de la Numidie unifiée, le Maghreb. Son nom a été retrouvé dans son tombeau à Cirta, l'actuelle Constantine sous la forme consonnatique MSNSN (à lire MAS-N-SEN, qui veut dire « Leur Seigneur »).
Fils du roi Gaïa (Agellid en berbère) (G.Y.Y, inscription punique), petit-fils de Zelalsan et arrière-petit-fils d'Ilès.
Né vers 238 av. J.-C. dans la tribu des Massyles (Mis Ilès), il meurt début janvier 148 av. J.-C., à l'âge de 90 ans.

Durant la Deuxième Guerre punique, Rome cherchait à se faire des alliés en Afrique du Nord. Syphax, roi des Massaessyles en Numidie occidentale, cherchait à annexer les territoires de la Numidie orientale, dirigée par Gaïa, roi des Massyles.
C'est ainsi que Syphax accepta trois centuries romaines et se tourna contre Carthage. Carthage vint en aide à Gaïa, en échange de cinq mille cavaliers numides sous le commandement du jeune Massinissa, âgé de vingt-cinq ans, à partir de 212 ou 211 av. J.-C.. Massinissa rejoignit les troupes carthaginoises avec son fidèle ami Laminius en Espagne jusqu'à l'automne 206 av. J.-C.. Il remporta une victoire décisive contre Syphax, et mena avec succès une campagne de guérilla contre les Romains en Ibérie.

À la mort de Gaïa, Massinissa passant dans le camp de Rome, en 204 av. J.-C. contribue à la capture deSyphax et à la victoire sur ce roi des Massaesyles par le commandant romain Gaius Laelius. Syphax est alors envoyé à Rome en tant que prisonnier où il meurt en 202 ou 203 av. J.-C. et les Romains accordent au roi Massinissa le royaume de Syphax en remerciement de son aide.
Il contribua largement à la victoire de la bataille de Zama à la tête de sa fameuse cavalerie numide.

Le personnage et l'œuvre

Appien d'Alexandrie (en latin Appianus, historien grec de l'époque romaine, né à la fin du Ier siècle, auteur d'une Histoire romaine) , dit de lui :
« il était beau dans sa jeunesse et de taille élevée. Il garda, jusqu'à l'âge le plus avancé, une étonnante vigueur. Il pouvait rester une journée entière debout ou à cheval; octogénaire, il sautait sur sa monture sans aucune aide et, comme les autres Numides, il dédaignait l'usage de la selle. Il bravait tête nue le froid et la pluie. À 88 ans, il commanda son armée dans une grande bataille contre les Carthaginois; le lendemain, Scipion Emilien (Scipion l’Africain) le trouva sur pied devant sa tente, tenant un morceau de galette sec qui constituait tout son repas. »
Massinissa eut plusieurs épouses et un nombre considérable d'enfants dont quarante-trois garçons ; parmi ses nombreuses filles, plusieurs furent mariées à des nobles carthaginois. La plupart des enfants de Massinissa disparurent avant lui mais il en resta, à sa mort, une dizaine (Mikusan dit Micipsa, Gulussa, Mastanabal, Masucan...). Massinissa adorait les enfants et il garda durant plusieurs années auprès de lui certains de ses petits-enfants. À des marchands grecs, venus acheter des singes en Numidie, pour distraire des riches oisifs, il aurait dit: « Les femmes de votre pays, ne vous donnent-elles donc pas d'enfants ? »
Massinissa, qui était un rude guerrier, encouragera la littérature et les arts, envoya ses enfants étudier en Grèce et reçut à sa cour de nombreux écrivains et artistes étrangers. Ce fut un homme courageux et un roi généreux (pardon accordé à Lacumazes et Meztul, protection accordée à Sophonisbe).
File:Anatole Devosge (attributed) La Mort de Sophonisbe.jpg
La Mort de Sophonisbe (Devosge)

Sophonisbe (née à Carthage en 235 av. J. -C. et morte à Cirta en 203 av. J. -C.), est une reine de Numidie. Fille d'Hasdrubal Gisco, général Carthaginois, célèbre pour sa beauté, elle épousa Syphax, roi de Numidie vers 206-205, sur ordre de son père, afin de sceller une alliance entre Carthaginois et Numides. D'après Diodore de Sicile (XXVII, 7), elle passait pour instruite et pour avoir reçu une éducation. Appien (Lib., X.37) rapporte par ailleurs qu'elle fut auparavant fiancée à Massinissa, autre roi numide rival de Syphax, avant qu'il ne devienne allié de Rome. En juin 203, suite à la défaite de Syphax et d'Hasdrubal à la bataille des Grandes Plaines face aux armées romaines, puis à la prise de Cirta par Massinissa, elle retrouva ce dernier qui l'épousa sur le champ. Mais Scipion l'Africain désapprouva cette union, craignant que Massinissa ne se détourne de l'alliance romaine au profit de Carthage. Alors qu'elle devait finalement subir le sort des vaincus et être emmenée à Rome pour figurer au triomphe de Scipion, Sophonisbe préféra la mort plutôt que de tomber aux mains de ses ennemis. Elle s'empoisonna pour éviter le déshonneur.
Après la bataille de Zama, Massinissa vécut encore de nombreuses années. Il garda sa vie durant l'amitié de Rome sans jamais être son vassal et, contre ses appétits impérialistes, déclara, dans une formule restée célèbre : « l'Afrique appartient aux Africains ». Il récupéra non seulement les territoires que lui accordait le traité passé avec Carthage mais aussi de nombreuses villes et régions sous l'autorité des Carthaginois ou de Vermina, le fils de Syphax. De 174 à 172, il occupa soixante-dix villes et forts.
Si Massinissa combattit les Carthaginois, il ne dédaigna pas pour autant la civilisation carthaginoise, dont il sut tirer avantage. La langue punique fut d'usage courant dans sa capitale où l'on parlait également, en plus du berbère, les langues grecque et latine. Il savait aussi se comporter en souverain raffiné, portant de riches vêtements et une couronne sur la tête, donnant, dans son palais de Cirta, des banquets où les tables étaient chargées de vaisselle d'or et d'argent et où se produisaient les musiciens venus de Grèce.
L'œuvre sociale et politique de Massinissa fut aussi grande que son œuvre militaire. Il sédentarisa les Numides, édifia un État puissant et le dota d'institutions, inspirées de celles de Rome et de Carthage. Il fit frapper une monnaie nationale et entretint une armée régulière et une flotte qu'il mit parfois au service de ses alliés romains. Ce fut un grand souverain qui s'efforça toute sa vie, de faire de la Numidie un pays unifié et indépendant.
 

Massinissa, fut célèbre dans tous les pays de la Méditerranée et l'île de Délos, en Grèce, lui éleva trois statues. Vers la fin de sa vie, il voulut s'emparer de Carthage pour en faire sa capitale. Les Romains, qui redoutaient qu'il n'acquière une puissance encore plus grande que celle des Carthaginois et qu'il ne se retourne contre eux, s'opposèrent à ce projet. Caton, attirant l'attention sur le danger que représentait Massinissa, lança sa célèbre formule: « Delenda est Carthago! » (« Carthage doit être détruite ! »).
Ce fut de nouveau la guerre en Afrique et, après d'âpres combats, Carthage fut livrée aux flammes, puis au pillage. Les survivants furent réduits en esclavage et la ville fut entièrement rasée (146 av. J.-C.). Massinissa, mort quelque temps plus tôt, n'avait pas assisté à la chute de la ville convoitée. 
File:Tomb of Massinissa 01.jpg
Mausolée de Massinissa
Ses sujets, qui l'aimaient, lui dressèrent un mausolée, non loin de Cirta, aujourd'hui Constantine (Algérie), sa capitale, et un temple à Thougga, l'actuelle Dougga, en Tunisie. Une autre stèle à l’effigie de cette personnalité historique a été érigée, le 06 juillet 2013, au niveau du village Loudha Commune et Daira de Chemini Wilaya de Béjaïa (Algérie).
 Hannibal GENSERIC